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Anne Greenwald


RATIONAL ISLAND

January 2025
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Les guerres de la frontière contre les Autochtones australiens

 

Lors d'un atelier à Melbourne, en Australie, j'ai animé une table ronde sur la guérison des blessures causées par les guerres de la frontière menées contre les Autochtones australiens.

J'ai expliqué mon point de vue sur le sujet et posé quelques questions aux participant∙e∙s, chacune suivie de mini-séances ou de tours de rôle dans le groupe. Nous avons abordé les points suivants à la table :

Jusqu'à récemment, dans les écoles australiennes, on nous enseignait que le pays avait été colonisé par les Britanniques parce que le continent était "vide" (c'est-à-dire que la terre n'avait pas de propriétaire avec lequel les Britanniques devaient négocier leur occupation). Toute résistance autochtone à la colonisation blanche n'était pas considérée comme une guerre contre l'invasion. Elle était considérée comme un mécontentement des Autochtones. Cela a contribué à perpétuer le mythe de la "colonisation pacifique" auquel croyaient les Australien∙ne∙s non-autochtones.

Nous, les allié∙e∙s, avons tendance à nous concentrer sur les effets de la colonisation sur les peuples autochtones et peu sur les effets qu'elle a eus sur nous-mêmes. Je voulais que les allié∙e∙s comprennent comment les guerres ont pu nous affecter. Ces blessures non effacées ont probablement joué un rôle majeur dans la formation des automatismes et de l'identité de la population australienne. Notre pensée a été rigidifiée (structurée), ce qui a limité notre puissance et notre proximité avec les autres.

Nous avons d'abord fait une mini-séance sur la façon dont nous nous aimons. Puis j'ai demandé : « Où voyez-vous les preuves des guerres contre les Autochtones australiens ? » Les participant∙e∙s ont fait les commentaires suivants :

  • En 1788, la population australienne était composée à 100 % d'Aborigènes ; aujourd'hui, la population aborigène représente environ 3 % de l'ensemble de la population australienne.
  • Il est difficile de trouver des informations sur le génocide ou la dépossession précoce (le fait d'enlever à un groupe de personnes leurs terres, leurs biens, leurs propriétés, etc.) Nous nous heurtons au "silence" lorsque nous cherchons des informations.
  • Certains noms de lieux évoquent des événements historiques. Par exemple, Poison Water Hole Creek, Butchers Creek, Myall Creek ("Myall " est un terme ancien désignant un homme aborigène vivant selon les traditions aborigènes). Il existe également des lieux portant des noms autochtones, mais aucun autochtone n'y vit aujourd'hui.
  • Les ancêtres de certains membres du groupe ont été parmi les premiers Blancs à "ouvrir" la terre et ils ont grandi sur des terres où se trouvaient des sites sacrés autochtones.

Les membres du groupe ont ensuite échangé leurs réflexions sur les conséquences des guerres. Voici quelques-uns de leurs commentaires :

  • Les colonisateurs blancs ont pris la terre et ont ensuite eu peur que d'autres peuples la leur prennent. Cela a entraîné la perpétuation de la guerre.
  • L'implication de l'Australie dans les guerres impérialistes offshore d'autres pays (États-Unis et Royaume-Uni) est une répétition de notre propre guerre d'occupation. Les vétérans de guerre qui sont rentrés en Australie étaient censés "oublier et s'en sortir". Une personne a déclaré : « Ma famille est dysfonctionnelle en raison de la Première et de la Seconde Guerre Mondiale et de la dépossession des terres où vivaient les Autochtones ».
  • Les gouvernements australiens, passés et présents, se sentent autorisés à décider qui peut venir en Australie et qui ne le peut pas.
  • Les détresses liées à la dureté de la vie des pionniers ont été transmises dans les familles.
  • J'ai remarqué que lorsque j'essaie d'apprendre l'histoire de mes propres ancêtres (écossais), je m'endors.
  • Le lien personnel avec le génocide fait qu'il est difficile de faire face à ces guerres et contribue au sentiment de détachement de la société et de l'histoire australiennes.
  • Les relations qu'entretenaient les colonisateurs blancs avec les populations autochtones au début de la période coloniale ont un écho dans les automatismes racistes australiens d'aujourd'hui. Des attitudes et des pratiques similaires à celles de l'époque coloniale peuvent être observées dans le système de "santé mentale" et le système carcéral d'aujourd'hui.
  • La façon dont les gouvernements et les entreprises exploitent les ressources naturelles et l'environnement de l'Australie me rappelle la façon dont les Aborigènes ont été massacrés ou privés de leur culture.
  • Si l'Australie n'avait pas été colonisée, nous aurions aujourd'hui beaucoup plus de végétation naturelle (forêts) de taille moyenne.

Rie Shiraishi

Sydney, Australie

 


Last modified: 2025-01-22 18:29:31+00