Travailler pour l'unité — Décharger
le colonialisme, l'asservissement et le génocide
Voici les notes combinées du premier des trois webinaires destinés aux Personnes de Référence de la Majorité Globale et à d'autres personnes dirigeantes de la Majorité Globale. Les webinaires étaient dirigés par Teresa Enrico [Personne de Référence Internationale de Libération pour les Insulaires du Pacifique et les Personnes d'origine Philippine et Coréenne] et Azi Khalili [Personne de Référence Internationale de Libération pour les Personnes originaires d'Asie du Sud, d'Asie Centrale et Occidentale]. Nous nous sommes concentrés sur la façon dont nos esprits ont été marqués par la colonisation, l'esclavage et le génocide lorsque nous avons examiné l'oppression anti-palestinienne et l'antisémitisme.
LA NATURE HUMAINE ET LES BLESSURES
Chacun∙e d'entre nous est fondamentalement bon∙ne, brillant∙e, important∙e, aimant∙e et puissant∙e. Mais nous sommes également confrontés aux effets de siècles d'oppression, de violence et de blessures émotionnelles qui tentent de nous embrouiller dans notre identité. On nous a dit que nous n'étions pas intelligents, que nous n'étions pas importants.
Nous sommes tou∙te∙s liés à la colonisation et à son histoire, perpétuée par le racisme, le génocide, l'esclavage, l'impérialisme et le néocolonialisme. Nos communautés ont été colonisées et ont une longue histoire de détresse accumulée. Nous serons en mesure de réfléchir rationnellement à l'occupation et à l'assaut de Gaza si nous trouvons collectivement des moyens de guérir les effets historiques et actuels de la colonisation, de l'asservissement et du génocide sur nos esprits.
À ce moment de l'histoire, notre espèce humaine est profondément blessée et porte des couches et des couches de détresse. Nous en sommes arrivés là à la suite de milliers d'années de souffrance, de générations de détresse accumulée et non apaisée. Et nous nous attaquons les un∙e∙s aux autres avec ces blessures, en nous montrant parfois brutaux et violents les un∙e∙s envers les autres.
La bonne nouvelle, c'est que chacun∙e d'entre nous, chaque être humain, fait de son mieux dans d'horribles conditions d'oppression, et que ces blessures ne sont pas nécessairement permanentes. Nous pouvons utiliser les outils de la Co-écoute pour développer et conserver les perspectives les plus pro-humaines et les plus anti-automatismes. Nous pouvons nous accrocher à la plus large perspective possible dans n'importe quelle situation.
LA COLONISATION
Historiquement, lorsque les sociétés égalitaires se sont transformées en sociétés de classes, nos automatismes de détresse nous ont fait accepter qu'un groupe profite d'un autre. L'exploitation est un élément fondamental de nos sociétés oppressives et fait partie intégrante de toutes les formes d'oppression. Ce problème de longue date trouve son origine dans la colonisation, qui a été un moyen essentiel d'exploitation pendant des siècles, voire des millénaires. La colonisation implique la prise de contrôle complète de groupes, de tribus et de nations, y compris de leurs terres, de leur environnement, de leurs cultures et de leurs langues, par d'autres groupes dans le but d'une exploitation totale.
Dans le chapitre le plus récent de notre histoire humaine, au cours des cinq cents dernières années, une petite minorité d'Européens, très blessés, a commencé à accumuler des richesses et du pouvoir en exploitant, colonisant, asservissant et génocidant la majorité d'entre nous, la Majorité Globale.
Ces personnes d'origine européenne ont commencé à se sentir supérieures aux autres, croyant qu'elles étaient plus intelligentes que nous et qu'elles avaient droit à nos ressources, à nos terres, à nos corps et à notre main-d'œuvre gratuite ou bon marché. Elles en sont venues à considérer la suprématie blanche comme "normale" ou "naturelle" et ont jugé inévitables la domination des peuples de la Majorité Globale et le génocide des peuples autochtones.
Nous comprenons en Co-écoute que les humains blessés blessent d'autres humains. Ces personnes d'origine européenne étaient profondément blessées par la peur de la pénurie et de la mort, et souffraient de la déconnexion et de l'isolement par rapport aux autres humains. Ces souffrances se sont manifestées par une avidité insatiable et ont conduit ces gens, et par conséquent nous, à de graves problèmes.
Ils ont volé des ressources, réduit des personnes en esclavage et se sont emparés de terres en Afrique, en Amérique Latine, dans les Caraïbes, en Asie, en Australie et dans les îles du Pacifique.
Ils ont utilisé des stratégies de division et de conquête parmi les colonisés, et à ce jour, les divisions et les hostilités "fabriquées" parmi les colonisés, parmi nous, n'ont pas encore été guéries.
Les colonisateurs ont également détruit les infrastructures locales. Nous sommes toujours confrontés aux conséquences de l'écrasement des dirigeants locaux, de la suppression des cultures, de la marginalisation des religions, de la perturbation des économies, de la destruction des systèmes de production alimentaire autochtones et de l'érosion de nos langues autochtones/locales, pour n'en citer que quelques-unes.
Les colonisateurs ont également initié et engagé des guerres entre les colonisateurs et les colonisés, ainsi que des guerres civiles, tout cela au profit des colonisateurs. Une autre arme utilisée par le colonisateur (qui est généralement intégrée dans les guerres et l'armée) est l'exploitation et la violence sexuelles qui ciblent principalement les femmes et les jeunes. La drogue, l'alcool et d'autres substances addictives en font généralement partie. La guerre, la violence sexuelle et les drogues installent des détresses qui poussent les colonisés à accepter la domination, la soumission, la terreur, la déresponsabilisation, la défaite, le désespoir, l'impuissance, les enregistrements intériorisés de génocide, et bien d'autres choses encore.
Dans leur histoire, les colonisateurs se sont présentés comme des héros. Les peuples colonisés de la Majorité Globale et les peuples autochtones ont été rendus invisibles, ce qui a effacé la richesse et la diversité de leurs cultures. La réécriture de l'histoire a servi à légitimer leur domination et leur contrôle des terres.
Dans ces récits, les sociétés complexes, les systèmes avancés de connaissance et les traditions vivantes des peuples colonisés ont été soit rejetés, soit appropriés, sans aucune reconnaissance. Les réalisations et les contributions des peuples colonisés ont été minimisées ou ignorées. Nos luttes de résistance contre la domination coloniale ont été présentées comme des rébellions illégales ou du terrorisme plutôt que comme des combats légitimes pour la justice et l'autodétermination. Les colonisateurs et les colons ont puni les colonisés pour avoir résisté à la colonisation en les emprisonnant et en les tuant.
En contrôlant le récit, les colonisateurs et les colons se sont assurés que les générations futures, tant dans les pays colonisateurs que dans les pays colonisés, verraient la période coloniale à travers un prisme qui justifie et glorifie la puissance militaire, la violence, la domination et la suprématie coloniales.
Lorsque les colonisateurs n'ont plus eu besoin des peuples colonisés pour leur travail bon marché ou forcé, mais qu'ils ont continué à vouloir leurs terres et leurs ressources, ils ont perpétré un génocide à l'encontre de ces peuples autochtones, indigènes et tribaux.
La colonisation, l'esclavage et le génocide ont déshumanisé le colonisé et le colonisateur, l'esclave et l'asservisseur, les colons et les personnes visées par le génocide. Les rôles d'opprimé et d'oppresseur nous divisent et nous séparent en supérieur/inférieur, dominant/dominé et ennemi/ami. Ils créent une dichotomie entre celles et ceux dont la vie compte et celles et ceux dont la vie ne compte pas.
Aucun de ces rôles n'est réel ou permanent. Ils sont imposés par le système oppressif et imposés à l'opprimé et à l'oppresseur, dès la naissance. La violence et les menaces de violence, par l'intermédiaire des forces de police et des armées locales, garantissent que nous endurons ces rôles et les structures oppressives, inhumaines et exploitantes qui les accompagnent.
LES ÉTATS-UNIS
En 2024, les États-Unis possèdent la classe possédante la plus importante et la plus dominante de toutes les nations. Les Amériques ont d'abord été une société sans classe, composée de près de six cents tribus autochtones souveraines qui n'avaient aucun concept de propriété privée. Les Amériques ont été transformées de force en une société de classes lorsque les colons d'origine européenne ont volé les terres des peuples autochtones et ont mis en œuvre des politiques de génocide à leur encontre.
Les colons ont ensuite réduit en esclavage des Africains, les forçant violemment à travailler sans rémunération. Les États-Unis ont évolué à partir d'un pays aux ressources limitées en exploitant, pendant des siècles, le travail forcé et non rémunéré des Africains volés et réduits en esclavage.
Enfin, les États-Unis sont devenus le pays capitaliste dominant en volant les minerais, le pétrole et d'autres ressources du Sud et en profitant massivement de la guerre, de la militarisation et de la vente d'armes, ainsi qu'en opprimant et en exploitant la classe ouvrière des États-Unis. Cette transformation en pays capitaliste dominant repose sur la colonisation, l'esclavage, le génocide, l'impérialisme, ainsi que sur l'oppression et l'exploitation de la classe ouvrière.
L'OPPRESSION INTÉRIORISÉE
Les pires effets de la colonisation, de l'esclavage et du génocide sont les souffrances qu'ils laissent dans nos esprits. La détresse est le plus grand problème auquel nous sommes confrontés en tant qu'espèce. Elle nous empêche de trouver et de mettre en œuvre des solutions rationnelles, humaines et favorables à la survie pour relever les défis importants auxquels nous sommes actuellement confrontés.
La colonisation, l'esclavage et le génocide ont installé en nous une oppression intériorisée. Nous encourageons chacun∙e d'entre nous à être aussi honnête et ouvert∙e que possible sur la façon dont nous avons été blessés, sur la façon dont notre peuple a été blessé et sur la façon dont notre peuple a blessé les autres.
Voici quelques exemples d'oppression intériorisée :
- De nombreux enregistrements de détresses résultant du fait d'être à la fois victimes et auteurs de violences
- Mauvais traitements infligés à nos enfants
- Difficultés avec la perpétuation de la violence sexuelle
- Sentiment d'infériorité par rapport aux personnes d'origine européenne
- Se taire et devenir invisible en compagnie des personnes d'origine européenne
- Croire que les personnes d'origine européenne devraient être aux commandes
- Sentiments d'impuissance et automatismes de passivité
- Se sentir stupide et ne pas faire confiance à son propre esprit ou à l'esprit des personnes qui nous ressemblent
- Attaques contre nos dirigeant∙e∙s
- Peur de défendre la justice
- Permettre à la haine de coloniser notre esprit, ce qui conduit à la haine de soi-même, des membres de notre groupe d’appartenance ou de toute personne d'origine européenne.
- Sentiment que rien de ce qui nous concerne n'est juste — perception de notre culture, de notre langue et de nos institutions comme erronées
- Difficultés avec les sentiments d'insignifiance
- Se sentir séparé de son propre peuple et de tous les autres
- Se sentir seul∙e et déconnecté∙e
- Vivre avec des enregistrements de génocide
- Difficultés avec le désir d'être en vie ou pleinement en vie
- Adopter des comportements autodestructeurs, notamment en consommant des substances pour endormir des sentiments insupportables
- Se sentir chroniquement en colère, humilié∙e, dévasté∙e et victimisé∙e
- Être vulnérable à la manipulation par des forces oppressives qui sapent notre humanité
- Difficultés pour donner la priorité à notre santé, à notre réémergence et à notre bien-être général
- Difficultés pour ressentir la joie et le bonheur
Imaginons maintenant un monde sans exploitation, suprématie, génocide et domination. Comment y parvenir ?
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