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Diane Shisk

 

Classe, militantisme et rôle de la classe moyenne

Seán Ruth et moi-même avons rédigé un fascicule intitulé Éliminer l'oppression de classe : Un programme provisoire de libération pour les personnes de la classe moyenne. Elle est disponible auprès de Rational Island Publishers.

Plus récemment, nous en avons écrit une version non-Co-écoute : Class and Activism : The role of the Middle Class (Classe et militantisme : Le rôle de la classe moyenne). Cette version traite notamment de la façon dont le classisme peut gâcher ou empêcher les relations et comment il peut entraver un militantisme efficace.

J'ai vendu et distribué ce fascicule au sein du Green Party d'Angleterre et du Pays de Galles et dans ma section locale d'Extinction Rebellion (XR). Les gens l'apprécient. Récemment, grâce à ce fascicule, j'ai été invitée à organiser un événement pour XR à Bristol. Nous étions trente-sept à y participer. J'avais environ une heure et quart de temps, ce qui n'est pas très long pour traiter un tel sujet !

Je savais que la plupart des personnes présentes appartenaient à la classe moyenne, qu'elles aient été élevées ainsi ou non. J'ai décidé de ne pas dévier vers des politiques identitaires — j'ai simplement reconnu que d'autres identités opprimées peuvent donner aux gens l'impression qu'ils ne font pas partie du système de classe ou qu'ils sont au bas de l'échelle.

J'ai dit ce qui suit :

Le système de classes est un moteur important de la dégradation du climat. Il encourage la cupidité comme motivation pour agir et la consommation comme moyen d'anesthésier la douleur, la colère et l'anxiété.

Ce n'est pas notre faute. Nous sommes nés dans ce système. Nous avons dû y trouver notre place. Cela vaut pour tout le monde, les plus riches comme les plus pauvres.

Les blessures que nous avons subies dans notre jeunesse nous ont généralement donné le sentiment d'être insignifiants, impuissants et seuls. C'est un facteur important de notre vulnérabilité à blesser les autres.

Nous étions, et sommes encore souvent, désorientés par les systèmes lourds et inhumains dans lesquels nous devons trouver une place pour survivre. Ces systèmes sont "la seule façon de faire", nous devons donc la pratiquer.

C'est vrai pour chacun∙e d'entre nous. Le PDG de la compagnie pétrolière Shell n'est pas intrinsèquement plus mauvais qu'une personne pauvre. Nous avons été manipulés pour jouer différents rôles dans le système de classes. Nous étions très jeunes lorsque le processus a commencé, et nous avons donc dû accepter les mensonges qu'il nous proposait.

Nous nous sommes répartis en binômes pour le premier échange d'écoute. Je leur ai proposé de parler du moment où on leur a dit pour la première fois que certaines personnes étaient "meilleures" ou "pires" que leur propre famille en termes d'argent et de ressources, et de ce qu'ils ont ressenti à ce sujet.

Puis j'ai dit ce qui suit :

Qu'est-ce qu'une classe sociale ? Il n'est pas utile de voir ça comme une façon de classer des billes de différentes couleurs dans des boîtes, ni de se raccrocher à une identité. La classe, c'est la façon dont les gens sont positionnés dans l'économie et comment cela affecte leurs chances dans la vie, leurs attitudes et la façon dont les autres les voient et les jugent. Il s'agit du "mieux que" et du "pire que". Il s'agit d'espérance de vie. (J'ai cité deux banlieues de Bristol, l'une majoritairement pauvre et ouvrière et l'autre aisée et de classe moyenne, dans lesquelles l'espérance de vie est très différente). Il s'agit d'inégalité économique, d'inégalité de pouvoir et d'inégalité de contrôle sur nos conditions de travail. Il s'agit d'accès aux ressources, y compris aux soins de santé et à l'éducation. Il s'agit de différences culturelles. Il existe un système mondial de classes, et les classes fonctionnent différemment selon les pays. Nous abordons là un sujet très vaste. En tant qu'activistes au Royaume-Uni, il est logique de se concentrer sur le pays dans lequel nous nous trouvons.

J'ai décrit les trois grandes classes (classe possédante, classe moyenne, classe ouvrière). J'ai dit qu'il y a de grandes différences de culture et de revenus au sein de chaque groupe, et de mobilité entre les groupes. J'ai montré que les revenus de la classe ouvrière peuvent être plus élevés au départ que ceux de la classe moyenne, mais qu'ils atteignent généralement un palier et chutent ensuite, lorsque l'âge ou les invalidités ne permettent plus de continuer comme avant, et qu'il n'y a pas de retraite professionnelle. Les revenus de la classe moyenne ont tendance à augmenter tout au long de la vie et à diminuer moins brusquement après la retraite. J'ai parlé pendant cinq minutes.

Ensuite, nous avons raconté nos expériences de classe respectives dans des séances à trois, pour un total de vingt minutes. Avant ça, une Co-écoutante présente est venue devant le groupe et m'a donné de l'attention pendant que je racontais ma propre histoire en tant que démonstration. Comme d'habitude, il y avait un bon brouhaha enthousiaste pendant les échanges, et les gens semblaient s'écouter les uns les autres avec intérêt.

J'ai ensuite posé les questions suivantes :

  • "Qui a perdu des relations à cause de la classe sociale ?" Quelques personnes ont décrit les divisions qui leur ont été imposées lorsqu'elles étaient jeunes, en raison de la sélection académique des élèves ou du fait qu'elles ont été obligées de changer d'école.
  • "Quels messages vous a-t-on transmis sur vous-mêmes et sur les autres ? Quels messages vous a-t-on transmis sur qui est 'meilleur’ ou ‘pire’ ?" Nous avons convenu que les activistes climatiques pensent parfois être meilleurs que les gens qui n'affrontent pas les faits — et les gens à qui nous parlons peuvent probablement remarquer que nous le pensons.
  • "Comment la classe sociale peut-elle influer sur votre travail de sensibilisation ? À qui est-il difficile de parler ?" Des personnes ont raconté brièvement leurs erreurs et leurs succès.

Nous avons dressé une liste de moyens pour empêcher les enregistrements classistes d'interférer avec notre militantisme :

  • Écoutez plus que vous ne parlez. Il n'est pas nécessaire d'expliquer aux gens les détails de l'effondrement du climat, à moins qu'ils ne le demandent. Ils sont déjà inquiets. Écoutez-les.
  • Rappelez-vous que les autres savent des choses que nous ne savons pas.
  • Intéressez-vous à eux tels qu'ils sont, sans condition.
  • Partez du principe que tout le monde vous veut, tels que vous êtes.
  • Soyez amicaux et détendus lorsque vous n'êtes pas d'accord, mais il n'est pas nécessaire d'écouter longuement les théories du complot !
  • Évitez les déclencheurs (les choses qui restimulent les gens) : En général, les gens de la classe ouvrière se font dire ce qu'ils doivent faire par les gens de la classe moyenne, par exemple par les enseignants et les travailleurs sociaux.
  • (Au Royaume-Uni), les personnes qui travaillent dur peuvent parfois être restimulées quand des activistes se mettent à danser ou jouer du tambour. Demandez-leur ce qu'elles en pensent.

Écoutez-vous les un∙e∙s les autres. Soutenez-vous les un∙e∙s les autres. Les erreurs sont acceptables ; nous pouvons les partager et en rire.

Caroline New

Bristol, Angleterre

Reproduit du forum de la Co-écoute pour les personnes dirigeantes de la classe moyenne

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Last modified: 2024-07-31 18:15:10+00