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Diane Shisk

 

Introduction au travail de changement dans l’éducation

Quel est notre objectif en matière de changement éducatif ? Que toutes les écoles et tous les environnements d’apprentissage soient libérés de l’oppression et soient des lieux joyeux d’enseignement et d’apprentissage.

À propos de l’enseignement et de l’apprentissage : Les écoles doivent être des lieux où les jeunes personnes sont soutenues dans l’acquisition de connaissances, le développement de leur créativité et l’épanouissement de leur intelligence. Elles sont alors en mesure de créer la vie qu’elles souhaitent et de contribuer à la construction d’une société rationnelle.

À propos des oppressions : Nombre d’entre elles sont présentes à l’école. Elles touchent tous les différents groupes de l’école : enseignant·e·s, élèves, travailleurs sociaux, administrateurs, parents, etc. Le travail pour le changement de l’éducation n’est donc pas réservé aux enseignant·e·s.

Le travail de changement dans l’éducation consiste donc à rendre les lieux d’apprentissage joyeux et favorables aux jeunes personnes en éliminant les oppressions qui interfèrent avec l’enseignement et l’apprentissage. C’est important pour tout le monde. Voici trois points importants :

  1. Chaque personne peut se réapproprier sa propre intelligence. La plupart des expériences d’apprentissage ont été accompagnées de blessures. Nous avons tou·te·s besoin de l’opportunité de décharger ces blessures et de nous réapproprier notre intelligence.
  2. Les Communautés de Co-écoute doivent être des lieux accueillants et sûrs pour toutes celles et tous ceux qui travaillent dans les écoles – pour décharger, se ressourcer, être soutenus, retrouver leur propre joie d’enseigner et d’apprendre, et être en mesure de contribuer à la libération des systèmes éducatifs.
  3. Nous avons besoin d’esprits clairs pour élaborer des politiques rationnelles en vue d’un fonctionnement efficace des systèmes scolaires. Un grand nombre de non-Co-écoutant·e·s s’efforcent de mettre en œuvre des changements dans les écoles. Nous pouvons soutenir leurs efforts en les écoutant et en introduisant le processus de décharge.

Alors que les choses continuent de changer et d’être difficiles dans notre monde, il est important pour nous de continuer à réclamer notre intelligence, d’avoir l’esprit clair pour prendre des décisions rationnelles, et de bien réfléchir à la situation mondiale et à chacun·e d’entre nous.

Chaque action de chaque personne contribue à l’objectif général, et aucune action n’est insignifiante. Donner une séance à une jeune personne, à un·e enseignant·e ou à un·e militant·e pour le changement dans l’éducation fait une grande différence. Être l’allié·e de n’importe qui dans n’importe quel sous-groupe fait la différence.

Les enseignant·e·s ont besoin d’espaces sûrs pour être écoutés sur la difficulté de survivre dans une salle de classe jour après jour, sur ce que c’est que d’être un·e enseignant·e.

Les allié·e·s ont un rôle important à jouer à cet égard. Prenez régulièrement des nouvelles d’un·e enseignant·e. Offrez-lui un temps d’écoute pour lui permettre d’exprimer ses craintes et son désespoir, son découragement et sa déception. Aidez les enseignant·e·s à ne pas renoncer à leur engagement envers les jeunes personnes et à leur métier d’enseignant·e·s.

C’est le bon moment pour animer des groupes de décharge pour les éducateurs et éducatrices – pour les écouter, les aider à évacuer le chagrin, la peur, l’impuissance qu’iels ressentent constamment dans leur travail. J’anime chaque mois un groupe de soutien virtuel pour les enseignant·e·s et leurs allié·e·s, et tou·te·s sont les bienvenus. Cependant, il faut davantage de groupes locaux. Les éducateurs et éducatrices ont besoin d’occasions plus fréquentes d’obtenir du soutien.

LA VIOLENCE ARMÉE À L’ÉCOLE

Une nouvelle fusillade a eu lieu aux États-Unis, à Uvalde, au Texas, où dix-neuf élèves et deux enseignant·e·s ont été tués dans une école primaire. Tout le monde est indigné. La violence, sous quelque forme que ce soit et à l’encontre de qui que ce soit, est une cause d’indignation. Tout le monde, et pas seulement les Co-écoutant·e·s, a beaucoup à faire pour mettre fin à la violence dans ce monde. La violence a des racines profondes et étendues et doit être traitée par l’ensemble de la société.

Les allié·e·s peuvent manifester leur soutien en organisant tout ce qui est nécessaire pour mettre fin à la violence et à l’utilisation des armes à feu dans la société. J’aimerais que chaque Co-écoutant·e s’engage à poursuivre son travail sur sa rage et son impuissance jusqu’à ce qu’iel ait suffisamment d’attention pour décider et agir contre les automatismes de détresse de la société qui conduisent à des actions violentes.

Les éducateurs et éducatrices doivent continuer à lutter contre le désespoir. N’hésitez pas à nous tendre la main et à partager avec nous ce qui vous aide à rester éducateur ou éducatrice. Allié·e·s, soutenez un éducateur ou une éducatrice pour qu’iel garde espoir.

TRAVAIL DE CHANGEMENT DANS L’ÉDUCATION EN INDE

J’ai récemment eu la chance de visiter l’Inde. J’y ai animé un atelier d’une journée pour la Communauté de Co-écoute de Pune. Trente-trois Co-écoutant·e·s y ont participé. Nous avons travaillé sur plusieurs domaines de récupération de l’intelligence et des premiers souvenirs scolaires. Nous avons eu des discussions et des séances fructueuses sur le travail de changement éducatif en Co-écoute et dans le vaste monde et sur ce que les participant·e·s à l’atelier voulaient entreprendre et diriger dans leur Communauté.

Pendant mon séjour en Inde, j’ai également dirigé une classe pour la Communauté de Mumbai, pour vingt-cinq femmes. Parmi les nombreux points forts, il y a eu la contradiction majeure pour moi d’être enfin en Inde et de ressentir une grande connexion avec mon héritage et mes racines. Trinité-et-Tobago et l’Inde ont en commun une histoire de colonisation par les Britanniques et ses effets sur nos systèmes éducatifs.

Tim Jackins a fait remarquer il y a quelque temps que la décharge ne suffirait peut-être pas à changer la situation dans le monde, mais qu’elle libérerait certainement notre intelligence et notre capacité à prendre des décisions, à réfléchir et à agir pour améliorer les choses. L’entendre m’a rappelé l’importance de récupérer notre intelligence et son importance au cœur du travail de changement dans l’éducation. Lors de chaque rencontre et atelier que j’anime, je me concentre d’abord sur la récupération de notre intelligence. Pour travailler avec les Co-écoutant·e·s dans cette direction, je pose une question du genre : «À quoi ressemblerait votre vie, ou que feriez-vous différemment, si vous viviez chaque instant de chaque jour en vous rappelant que vous êtes complètement intelligents ?» Il est merveilleux de voir les gens décharger en réponse à cette question et se réapproprier leur intelligence.

Ce travail était tout à fait nouveau pour ces Communautés. Il était motivant de voir leur enthousiasme et leur empressement à se réapproprier leur intelligence, à décharger leurs premiers souvenirs d’école et à s’engager à utiliser le processus de la Co-écoute pour éliminer les oppressions du système éducatif en Inde – une tâche monumentale. J’ai eu l’occasion exceptionnelle d’entrer en contact avec les Communautés et de planter les graines de l’éducation. Il s’agit maintenant de maintenir le lien et de poursuivre le travail.

Marilyn Robb

Personne de Référence Internationale de Commonalité
pour le Changement dans l’Éducation

St. Augustine, Trinidad et Tobago

Traduit de l’anglais par Régis Courtin

 


Last modified: 2024-05-01 23:22:58+00