Aller de l’avant en des temps pleins de confusion
Extrait d’une présentation de Tim Jackins lors d’une réunion pour les Personnes
de Référence
Internationale de Libération et les Personnes de Référence
Internationale de Commonalité, en avril 2023
Pour beaucoup d’entre nous dans la Co-écoute, au fur et à mesure que nous avons déchargé nos détresses, nous avons vu l’utilité d’utiliser nos capacités et notre perspective récupérées pour participer au changement de nos sociétés. Nous comprenons que pour créer des possibilités permettant à chaque humain d’être libéré des effets des détresses, il ne suffit pas de créer des opportunités pour que les gens déchargent ; nous devons apporter des changements dans nos sociétés afin d’empêcher les détresses et les oppressions de continuer.
DÉFIER NOS LIMITES
Beaucoup d’entre nous s’engagent dans des actions — en parlant aux autres, en protestant, etc. — qui, nous l’espérons, conduiront à des changements dans le fonctionnement de nos sociétés. Pour ce faire, nous devons affronter nos enregistrements de détresse. Cela peut faire surgir de nombreux sentiments confus et restimulés de petitesse, d’impuissance, d’insignifiance, d’isolement, de découragement, et bien d’autres encore. Ces vieux sentiments enregistrés empêchent de voir clairement les bonnes voies à suivre. Ils font partie de ce qui permet à ces sociétés de continuer d’exister, même lorsqu’il est évident qu’elles n’offrent même pas la possibilité d’une vie agréable à leurs citoyens.
Nous pouvons réfléchir à ce qui serait le mieux pour nous dans le présent, peu importe ce qui s’est passé dans le passé et peu importe les sentiments non déchargés qui subsistent en nous. Ces sentiments changent avec la décharge, comme on l’a déjà prouvé à maintes reprises. Mais pour vraiment commencer à mettre fin aux effets de ces détresses sur nous et sur nos sociétés, nous devons faire en sorte que notre fonctionnement dans le présent ne soit pas dicté par les sentiments de détresse non déchargés du passé. Nous pouvons décider de penser et d’agir différemment.
Beaucoup d’entre nous ont déjà choisi d’agir contre nos enregistrements de détresse et s’impliquent activement pour essayer de changer les sociétés. Nous ne le faisons pas parfaitement, mais nous sommes capables de fonctionner de mieux en mieux dans ces directions, car nous continuons à la fois à décharger et à acquérir de nouvelles expériences, des informations et des contacts avec un éventail plus large d’intelligences.
Si nous parvenons de mieux en mieux à avancer malgré nos détresses, celles-ci peuvent encore nous déconcerter. Beaucoup d’entre nous ont un sentiment d’urgence désespérée. Beaucoup d’entre nous sont déterminés, mais cette détermination a des aspects pleins d’automatismes : nous nous poussons à aller de l’avant pour éviter de ressentir pleinement les enregistrements de découragement et d’être arrêtés par eux. D’autres éléments de notre détresse font qu’il est difficile de partager ouvertement nos pensées ou de nouer les relations qui seront nécessaires pour créer une force de changement à grande échelle.
L’EFFONDREMENT DE LA SOCIÉTÉ
Nos sociétés ont de grandes difficultés à continuer de fonctionner. Il devient impossible de le cacher. Les mesures oppressives utilisées pour maintenir nos sociétés se manifestent également de plus en plus ouvertement. La vie devient beaucoup plus difficile pour la plupart des habitants de la planète. Beaucoup de gens meurent et il y a de nombreux conflits armés. Cela se produit parce que ces sociétés sont fondées sur l’exploitation et la coercition des gens et sur les souffrances qui leur sont infligées.
Il semble qu’il n’existe aucune force rationnelle capable d’arrêter cet effondrement de nos sociétés. Nous pouvons nous efforcer de minimiser les souffrances et les dommages, mais nous ne sommes pas en mesure de les empêcher. Nous devons en faire le deuil et décharger dessus afin de pouvoir réfléchir clairement à la façon de changer la situation lorsque les occasions de le faire se présenteront.
De grands changements deviennent possibles pendant les périodes d’effondrement. Nous pouvons être prêts à contribuer à ces changements dans les directions les plus humaines et les moins irrationnelles. Bien qu’il soit peu probable que nous soyons les seuls à créer ces situations, nous pouvons nous efforcer d’être prêts à y participer efficacement lorsqu’elles se présentent. Quels sont les moyens dont nous disposons pour y parvenir ?
NOUS SOUTENIR NOUS-MÊMES
ET SOUTENIR LES AUTRES
Il s’agit d’une entreprise de longue haleine, et nous devons être en mesure de subvenir à nos besoins et à ceux des autres pendant une longue période. Les efforts désespérés et à court terme qui nous découragent et nous épuisent ont peu de chances d’être efficaces. Ils ont également peu de chances d’attirer les autres ou de leur communiquer la réalité. Nous devons avoir une vie bonne et agréable, mais pas nécessairement facile, et être capables de penser à nos familles et à nos autres relations. Nous pouvons réfléchir à la façon de nous préserver et de nous renforcer.
Nous pouvons remettre en question la séparation d’avec les autres qui vient de nos jeunes années. À cause de ces difficultés précoces, beaucoup d’entre nous ont pris l’habitude d’ignorer la plupart des gens qui les entourent, des gens qui peuvent contribuer à faire avancer le monde de façon rationnelle et humaine.
Si nous voulons jouer un rôle important pour faire avancer les choses, nous devons nous efforcer de montrer constamment la pleine humanité que nous pensons que chaque être humain possède. Nous pouvons penser à beaucoup d’autres personnes et décider quelles relations, petites ou grandes, nous pourrions essayer d’établir avec elles, plutôt que de les ignorer ou de ne pas en être conscients à cause de vieux automatismes d’isolement et de découragement.
Je pense que nous survivrons aux nombreuses situations graves et dangereuses que cet effondrement sociétal provoque, y compris l’urgence climatique. Nous avons développé d’excellentes ressources pour nous libérer des limites imposées par la détresse passée et non évacuée. Plus nous serons nombreux à décider et à agir pour limiter l’effet de ces sentiments enregistrés tout en faisant face à ces mêmes sentiments et en les évacuant, plus nous participerons rapidement et efficacement à la création de sociétés équitables pour tou·te·s.
Traduit de l’anglais par Régis Courtin