Sustaining All Life à la COP27
La COP27 [la vingt-septième Conférence des Nations Unies sur le changement climatique] s’est terminée par un accord historique sur les «pertes et dommages». Cela signifie qu’au cours des douze prochains mois, des fonds seront alloués aux pays confrontés aux pires impacts climatiques. Les pays du Sud réclament ce financement depuis trente ans. L’accord est une énorme victoire – pour les négociateurs qui sont restés forts face à l’opposition et pour la société civile qui a été solidaire avec eux.
Au fil des ans, l’un des messages importants et constants du mouvement pour le climat a été que nous devons écouter celles et ceux qui ont le plus d’expérience pour répondre à l’urgence climatique. Cette expertise se trouve dans le Sud, qui est le plus gravement touché par la crise. Il était donc passionnant d’apprendre que la COP27 serait accueillie par un pays africain, l’Égypte. Le continent le plus touché par l’urgence climatique devrait être à l’avant-garde des négociations climatiques de toutes les manières possibles.
Notre délégation de Sustaining All Life (SAL) à la COP était composée de trente-quatre Co-écoutant·e·s venant d’Egypte, de la République Démocratique du Congo, d’Eswatini, de Côte d’Ivoire, du Kenya, du Nigeria, du Togo, d’Ouganda, du Maroc, d’Haïti, du Mexique, des Pays-Bas, d’Angleterre, du Canada et des États-Unis. Nous avons travaillé à la fois dans la Zone Bleue (zone gouvernementale) et dans la Zone Verte (zone de la société civile), en réalisant des projets d’écoute, des cercles d’écoute, des forums et des ateliers.
Nos activités se sont principalement déroulées en anglais, avec une interprétation en arabe, français ou espagnol selon les besoins des participant·e·s ou des responsables des activités. De belles connexions ont eu lieu entre des personnes qui ne parlaient pas la même langue. C’était amusant de trouver un moyen de communiquer au-delà des mots.
J’ai adoré faire partie de l’équipe dirigeante et accomplir le travail que nous devions faire pour arriver à la COP, en particulier le travail sur le racisme, le colonialisme, l’impérialisme et le soutien total à la pensée et au leadership des personnes autochtones et de la Majorité Globale. J’ai dû constamment lutter contre les enregistrements de génocide qui nous disent que nous sommes en sécurité en restant insignifiants et silencieux.
Pourquoi allons-nous aux COP ? Malgré la lenteur du changement, des choses encourageantes en ressortent. Nous ne pouvons pas mettre fin à l’urgence climatique sans mettre fin à toutes les oppressions et divisions. Sustaining All Life est un modèle de ce à quoi ressemble le fait de dépasser les divisions et comment travailler sur ce qui fait obstacle. Nous soutenons le travail que d’autres personnes font pour mettre fin à l’urgence climatique en les aidant à accéder au processus de décharge, à guérir de leurs blessures émotionnelles, à bâtir des relations et à accéder pleinement à leur esprit et à leur intelligence.
QUELQUES FAITS MARQUANTS SUPPLÉMENTAIRES
Pour la première fois, une délégation SAL à une COP a été dirigée par trois femmes du Sud – Iliria Unzueta [Personne de Référence Régionale pour le Mexique] et moi-même, en ligne et en personne, et Chioma Okonkwo [Personne de Référence Régionale pour le Nigeria et l’Afrique de l’Ouest], en personne.
La délégation a bien travaillé ensemble pour surmonter les obstacles qui nous empêchaient de nous rendre tou·te·s en Égypte. Il y avait des personnes de soutien pour les personnes ayant des difficultés avec les demandes de visa. Elles ont consacré de nombreuses heures à l’organisation du voyage des délégué·e·s. La procédure d’obtention des visas nous a donné, à nous et à nos allié·e·s, une image plus claire de ce qu’il faut pour que les personnes autochtones et de la Majorité Globale obtiennent des visas et voyagent d’un point à un autre, ainsi que des inégalités et des systèmes oppressifs auxquels nous devons faire face pour être pleinement présents.
En travaillant ensemble, à la fois en ligne et en Égypte, la délégation a eu de précieuses occasions de s’entraider, de bâtir des relations, d’embrasser les idées des autres et de faire face au monde en équipe.
Il s’agissait de la plus grande délégation de personnes africaines à une COP. C’était un grand moment pour moi. Il était précieux d’assister à nos événements et d’entendre les présentations percutantes des personnes dirigeantes, surtout en sachant ce que chacune d’entre elles avait dû traverser pour arriver en Égypte.
L’Égypte a travaillé dur en tant qu’hôte, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la COP. Nous avons trouvé une personne serviable et aimable à chaque coin de rue. Je me souviens d’une soirée dans un des cafés de la rue. Une chanson africaine populaire passait, et l’un des membres du personnel a pointé du doigt les quatre d’entre nous (des femmes africaines), et nous avons fait une petite danse ensemble et avons beaucoup ri, même si nous ne partagions pas une langue commune.
Malgré les nombreux défis liés au rythme et au processus des négociations climatiques, l’esprit des COP a été ma plus grande contradiction au désespoir concernant la crise climatique. Je dis cela en raison des interactions entre les personnes, y compris nos délégations SAL, qui se présentent année après année et partagent sans relâche leurs outils et leurs idées, et en raison de la qualité et de la rapidité avec lesquelles nos connexions se sont transformées en un mouvement mondial plus important et plus puissant.
Janet Kabue
Personne de Référence de Secteur pour
Nairobi, Kenya, et dirigeante, avec
Iliria Unzueta, de la délégation SAL à la COP27
Nairobi, Kenya
Traduit de l’anglais par Régis Courtin