Continuer à développer le leadership de la Co-écoute
D’après une présentation de Tim Jackins à la Conférence Pré-Mondiale pour Aotearoa et l’Australie, en février 2022
Au sein de la Co-écoute, nous croyons que chaque esprit humain est capable de tout ce que chaque autre esprit humain est capable de faire – que s’il existe des différences dans nos intelligences, elles sont trop petites pour être mesurées. Cela signifie que tout le monde est capable de diriger.
Nous avons notre propre conception et notre propre définition du leadership. La façon dont nous le voyons contraste fortement avec la façon dont il est perçu en dehors de la Co-écoute. Pour nous, le leadership consiste à rassembler la pensée des membres des Communautés de Co-écoute et à les aider à décider de la meilleure voie à suivre. Et nous pensons que tout le monde est capable de faire cela.
Pour diriger au sein de la Co-écoute, une personne doit en savoir beaucoup sur la Co-écoute (et nous en apprenons toujours plus, par exemple sur le processus de décharge). Elle doit avoir une expérience de travail en séance avec de nombreuses personnes. On ne comprend pas bien la Co-écoute tant qu’on n’a pas écouté d’autres personnes, et été écouté•e soi-même, pendant de nombreuses heures. On a besoin de cette expérience pour être un•e dirigeant•e en Co-écoute. On doit aussi comprendre l’idée de leadership de la Co-écoute (comme résumé ci-dessus). Et on doit être capable de travailler sur les domaines où l’on est restimulé•e par d’autres personnes, parce que notre travail est de diriger tout le monde dans nos Communautés, même celles et ceux qui nous restimulent.
J’ai toujours pensé que la position de leadership la plus importante dans la Co-écoute est celle de personne formatrice. Ce que nous faisons en tant que Personnes de Référence est important, mais la personne formatrice de Co-écoute a un contact direct avec les nouvelles personnes. Enseigner à de nouvelles personnes est la façon dont on découvre qu’on ne connaît pas la Coécoute aussi bien qu’on le pense. Toute personne qui enseigne une classe de base réapprend la Co-écoute à un niveau plus profond.
UNE NOUVELLE TÂCHE POUR LES PERSONNES DE RÉFÉRENCE
Tous nos postes de référence sont importants. Nous avons besoin de gens pour les occuper. Nous avons également un problème avec ces postes. Les gens apprennent énormément lorsqu’ils occupent ces postes et s’améliorent de plus en plus dans leur travail. Cela ne semble pas s’arrêter. Si cela s’arrêtait, nous aurions une raison d’écarter les gens de ces postes. D’autres groupes se débarrassent de leurs dirigeant•e•s lorsqu’iels commencent à mal fonctionner. Nous continuons à décharger, donc pour nous, le retrait des personnes ne se fait pas de cette manière.
Cependant, il peut toujours être logique que les Personnes de Référence quittent ces postes. Je pense à deux raisons : La première est que nous avons besoin de plus de personnes pour relever le défi de faire le travail. La seconde, que je n’avais pas reconnue clairement jusqu’à récemment, est que les responsables expérimentés doivent être en relation avec les personnes qui découvrent la Co-écoute.
Si l’on est référent•e depuis longtemps, on connaît la Co-écoute comme “sa poche” [à fond]. On a confiance et on comprend le processus de décharge et de réévaluation. On est devenu•e de plus en plus solide [compétent•e] au fur et à mesure que l’on a progressé. Mais être une Personne de Référence peut aussi signifier que l’on s’éloigne de la ligne de front de nos Communautés. Je veux donc voir ce qui se passera dans les Communautés si certain•e•s d’entre nous commencent à sortir de là pour être accessibles à de nouvelles personnes.
Je souhaite également que les Personnes de Référence soient présentes longtemps après avoir quitté leur poste. Je veux qu’elles soient là pour soutenir et encadrer, pendant au moins cinq ans, les personnes qui prennent leur place.
Être une Personne de Référence est un travail intéressant. On apprend des choses que l’on n’apprendrait pas d’une autre manière. Le fait d’occuper ce poste nous pousse à faire des choses qu’on ne ferait pas de soi-même. On apprend et on grandit. Il y a donc des raisons d’aimer ce poste. C’est bon pour notre croissance.
Et, bien sûr, il y a aussi des détresses qui nous poussent à vouloir occuper ce poste. Nous avons tous été blessé•e•s d’une manière qui peut nous
donner l’impression qu’une certaine reconnaissance fera disparaître notre détresse, ou du moins la calmera pendant un certain temps. Ce n’est pas une bonne raison d’être dans un poste de référence, et cela peut avoir joué un rôle dans le fait que nous y restions, donc nous devons travailler sur ce matériau [la détresse].
Les choses changent aussi. Beaucoup d’entre nous ont commencé à diriger il y a longtemps, à une époque où la société n’était pas aussi agitée. Les forces de réaction ne s’efforçaient pas autant de restimuler les gens et de les monter les uns contre les autres. Le leadership est une entreprise différente aujourd’hui.
Pour ces raisons, je veux que toutes celles et tous ceux d’entre vous qui occupent des postes de référence reconsidèrent la possibilité d’y rester. Je vous propose une tâche nouvelle et passionnante. C’est un peu plus difficile. Travailler avec des gens qui ne se souviennent pas encore comment décharger est un défi. Mais comme la société s’effondre, c’est quelque chose que nous devons apprendre à faire de mieux en mieux. De plus, le fait que quelqu’un de nouveau prenne votre place donnera à nos Communautés une chance de former d’autres personnes dirigeantes.
CHANGEMENTS AU NIVEAU INTERNATIONAL
En tant que Personne de Référence Internationale (PRI) des Communautés de Co-écoute, je travaille tous les jours avec Diane Shisk, la Personne de Référence Internationale Suppléante (PRIS), et nous parlons de tout. Il ne se passe pas un jour sans que quelque chose provenant de Diane n’apparaisse sur mon écran, peu importe où je suis ou ce que je suis censé faire. Et nous envoyons des textos, nous parlons, nous Zoomons, nous communiquons par FaceTime. Nous faisons toutes ces choses parce qu’il se passe tant de choses dans les Communautés Co-écoute.
Nous serions beaucoup plus en retard sur ce que nous traitons dans les Communautés si Diane n’était pas là.
Nous avons beaucoup de chance qu’elle ait choisi de fonctionner d’une manière particulière et que sa vie soit en grande partie au service des Communautés de Co-écoute. En plus d’être la PRIS, elle dirige la Co-écoute de bien d’autres façons – et ce sont deux choses différentes.
J’ai choisi Diane comme Suppléante le lendemain de la mort de mon père, en 1999, lorsque je suis devenu la PRI. Puis, deux ans plus tard, la Conférence Mondiale m’a confirmé comme PRI et Diane comme Suppléante. Le travail de la Personne Suppléante consiste essentiellement à rester en assez bonne forme pour pouvoir prendre la relève de la PRI, si nécessaire. C’est ce que j’ai fait en tant que Suppléant pendant environ vingt ans. J’ai également fait beaucoup d’autres choses au sein de la Co-écoute , mais elles étaient distinctes de mon rôle de PRIS.
Diane a suggéré, et nous en avons discuté et convenu, qu’elle ne cessera jamais de travailler pleinement pour la Co-écoute. Cependant, nous pensons que la prochaine Conférence Mondiale est un bon moment pour qu’une autre personne commence à être la PRIS – la personne qui pourrait prendre la relève si, pour une raison ou une autre, je ne pouvais pas jouer le rôle de PRI. Nous en avons discuté, et j’y ai beaucoup réfléchi.
Par conséquent, lors de la Conférence Mondiale (sur Zoom) d’août prochain, je vais demander que la Conférence accepte Teresa Enrico comme ma Suppléante. Elle a fait suffisamment de travail, dans suffisamment d’endroits, pour que vous la connaissiez presque tou•te•s. Vous connaissez sa façon de penser, vous connaissez sa bienveillance, vous connaissez son intégrité. La personne qui occupe le rôle de Suppléant•e a besoin de ces choses, et elle les possède. J’ai un grand respect pour l’intelligence et les capacités de Teresa. Je ne serais pas inquiet avec elle dans le rôle de PRIS. Et j’ai l’intention de la soutenir pendant au moins cinq ans après avoir quitté mon poste de PRI.
Je tiens à vous rappeler que lors de la dernière Conférence Mondiale, j’ai dit qu’il vous restait huit ans avec moi. J’ai toujours l’intention de cesser d’être PRI (bien qu’il ne soit pas clair, à cause du COVID, si ce sera dans huit ou neuf ans à partir de ce moment-là). Comme je le suggère aux autres Personnes de Référence, je veux passer à autre chose et faire d’autres choses pour la Coécoute. Je ne pense pas non plus qu’on aura besoin de moi à ce poste pour deux raisons : l’une est Teresa, et l’autre est la façon dont les Communautés de Coécoute se développent, s’étendent, et acquièrent une compréhension plus profonde du processus de la Co-écoute. De plus en plus d’entre nous retrouvent leur intelligence, fonctionnent de mieux en mieux, atteignent plus de gens et bâtissent les Communautés.
NOUS AVONS PARCOURU UN LONG CHEMIN
Mon père a quitté le rôle de PRI à sa mort, il ne pouvait donc pas m’aider lorsque j’ai assumé ce rôle. Mais j’avais passé suffisamment de temps avec lui pour bien connaître son esprit. C’était une situation heureuse et rare.
Aujourd’hui, alors que de nouvelles personnes assument le rôle de Personnes de Référence, celles et ceux d’entre nous qui occupent actuellement ces fonctions peuvent être disponibles pour les soutenir. Je pense que c’est la période pour apprendre à bien le faire. Pendant longtemps, lorsque mon père était la PRI, il était important qu’il joue ce rôle. Cela aurait été un revers gigantesque si nous l’avions perdu beaucoup plus tôt que nous l’avons fait. Mais nous avons parcouru un long chemin depuis lors.
Une partie de ce que j’ai toujours essayé de faire dans ce rôle est d’amener plus de gens à en faire plus au lieu d’en rajouter au centre. Cela s’est avéré efficace – parce que vous êtes allé•e•s de l’avant et avez fait le travail. Je ne pense donc pas que le changement que je propose soit dangereux en quoi que ce soit. Je pense qu’il pourrait restimuler quelques personnes, mais nous savons ce qu’il faut faire avec les restimulations.
Traduit de l’anglais par Régis Courtin