Éliminer le racisme blanc
Je ne pense pas qu'il puisse y avoir un meilleur moment que maintenant pour travailler à l'élimination du racisme blanc. Tant de choses sont plus visibles. Il est plus facile de voir nos difficultés. Et il est plus facile de voir les effets de nos difficultés sur la planète et ses habitants.
J'aimerais que l'on comprenne mieux nos difficultés en tant que Blancs, mais c'est à nous qu'il incombe de parvenir à cette compréhension, à mesure que nous comprenons mieux ce qui nous est arrivé. Trois autres groupes qui partagent un défi similaire me viennent à l'esprit : les personnes de la classe possédante, les hommes et les Étasunien⋅ne⋅s. Comme pour nous, leurs blessures les ont amené⋅e⋅s à opprimer et à dominer les autres dans le monde entier.
Au cours des vingt dernières années, aux côtés d'autres personnes, j'ai eu la chance de passer de plus en plus de temps dans la Co-écoute à travailler à l'élimination du racisme blanc. Aujourd'hui, avec tout ce qui se passe autour de nous, nous avons une grande opportunité de faire un grand pas en avant pour nous débarrasser, nous et les autres Blancs, de la pandémie que nous appelons le racisme blanc.
C'est une grande opportunité pour deux raisons. Premièrement, le racisme est devenu plus visible pour nous, les Blancs, en raison des progrès de la technologie et de l'administration de l'ex-président des États-Unis. J'ai eu des conversations avec ma famille et mes voisins que je n'avais jamais eues auparavant. La tentative de coup d'état du 6 janvier a montré à quel point nous, les Blancs, sommes désorientés, et à quel point nous avons été vulnérables aux mensonges et aux tactiques alarmistes de l'administration précédente et de ses partisans et promoteurs.
C'est aussi une grande opportunité en raison du mouvement Black Lives Matter. L'objectif N°1 des Communautés de Co-écoute, adopté lors de la Conférence Mondiale de 2001, stipule : « Que l'élimination du racisme, en particulier du racisme visant les personnes d'origine africaine, devienne effectivement un élément central et permanent du travail de la Communauté de Réévaluation par la Co-écoute. » Lorsque nous avançons sur un objectif clé, le traitement d'autres questions suit également — dans ce cas, d'autres formes de racisme et d'oppression. Et il semble que c'est ce qui est en train de se passer.
Je propose deux orientations qui tireront parti de ces nouvelles ouvertures :
1) Que toutes les personnes blanches soient encouragées à diriger le travail visant à mettre fin au racisme blanc.
2) Nous devons nous concentrer sur la construction d'un front uni de personnes blanches travaillant pour mettre fin au racisme.
DIRIGER L'ACTION VISANT À METTRE FIN AU RACISME DES BLANCS
Décider de diriger l'action visant à mettre fin au racisme blanc signifie décider de mettre fin à nos automatismes chroniques de racisme blanc. Et comme nous nous libérons du racisme, nous pouvons prendre en charge les personnes blanches avec lesquelles nous sommes en contact et les aider à se libérer de cette "maladie".
Je vous invite à vous joindre à moi pour trouver et saisir les opportunités présentes. La combinaison de la décision, de l'action et de la décharge fera bouger toutes nos détresses. Je me concentre actuellement sur la partie action. Je suis sûr que cela approfondira notre décharge et accélérera notre décision de libérer nos esprits du racisme blanc.
Depuis l'établissement de l'objectif de 2001, les Communautés de Co-écoute du monde entier ont déplacé le travail visant à mettre fin au racisme depuis la marge vers le centre. Je nous invite maintenant tou⋅te⋅s à faire de l'élimination du racisme blanc un élément central de notre leadership communautaire. Cela signifie qu'il faut en faire un élément central de l’élimination du sexisme, de la domination masculine, de l'oppression des hommes, de l'oppression anti-Juifs, du classisme, de la crise climatique, et ainsi de suite. Quelle que soit la manière dont nous menons notre leadership, la fin du racisme blanc doit être au centre. Nous pouvons amener tous les personnes blanches au sein de la Co-écoute à en faire un élément central de leur leadership. Cela accélérera notre réémergence individuelle et permettra à nos Communautés d'avancer solidement et rapidement.
Nous devons aussi guider les Blancs en dehors de la Co-écoute. Cela signifie construire et approfondir nos relations avec les personnes qui sont prêtes à nous écouter et celles qui ne le sont pas ; avec les personnes que nous identifions facilement et avec lesquelles nous sommes en relation, et celles que nous avons du mal à rencontrer et à approcher. Nous devons faire preuve de bienveillance et d'espoir dans les domaines où elles ne peuvent pas garder l’espoir. Nous pouvons dire que nous savons que ce sont des gens bien. Et lorsqu'ils ne sont pas d'accord avec nous, nous pouvons leur faire savoir que nous aimerions être leurs alliés. (Quelles conversations et interactions cela pourrait provoquer ?)
Nous pouvons créer les circonstances qui leur permettront de montrer comment elles ont été rendues vulnérables aux confusions du racisme, aux messages "mieux que" (ou "moins bien que"), aux notions de mérite supérieur, aux comportements de domination et de supériorité. Nous pouvons ne pas rester séparés. Nous pouvons montrer à nos familles, voisins et collègues blancs que nous avons tous été exposés à ces confusions et les avons intériorisées.
Nous pouvons écouter les expériences des gens qui vivent dans cette société capitaliste oppressive et inhumaine et partager le fait qu'il est possible de trouver une autre façon de vivre — et que nous devons le faire si nous voulons une planète vivable. En faisant ça, nous déchargerons davantage sur nos propres expériences. Et nous n'avons pas besoin d'en savoir plus que ce que nous savons déjà.
UN FRONT UNI DES BLANCS
Nous pouvons créer un front uni de personnes blanches travaillant à l’élimination du racisme. Nous pouvons commencer par là où nous en sommes. Nous inviterons les gens à nous rejoindre dans un projet visant à libérer la planète du racisme (et bien sûr de toutes les autres oppressions), et nous réfléchirons avec eux à la manière d'y parvenir. Nous pouvons partager notre point de vue selon lequel nous avons besoin de tous les Blancs avec nous, et pas seulement de ceux avec lesquels nous nous sentons à l'aise ou qui sont facilement d'accord avec nous.
Un petit groupe de Blancs — dont beaucoup sont des hommes et appartiennent à la classe ouvrière —a montré comment nos insécurités et autres détresses sont manipulées pour nous faire accepter les mensonges et les propos haineux que nous entendons depuis quatre ans. Certains d'entre eux ont été piégés jusqu’au point de mener des actions violentes. (Bien sûr, le racisme, l'antisémitisme, le sexisme et d'autres attitudes et comportements oppressifs faisaient partie de notre société bien avant que la dernière administration ne les exprime si visiblement).
Si nous nous séparons de ces Blancs, si nous nous considérons comme plus intelligent⋅e⋅s et meilleur⋅e⋅s qu'eux, si nous les voyons comme des perdants racistes, nous collaborons à la division qui fait avancer les objectifs de ceux qui en bénéficient matériellement.
Il n'y a pas d'ennemis humains. L'ennemi, ce sont les automatismes de détresse qui nous ont été imposés à tou⋅te⋅s. Lorsque nous nous perdons et que nous considérons quelqu'un d'autre ou un autre groupe comme un ennemi, nous faisons partie du problème et non de la solution. Harvey Jackins a dit : « Je suis un bon gars, je fais partie des bons gars, et les mauvais gars sont aussi de bons gars. » Ce genre de compréhension sera particulièrement important dans la prochaine période. Le capitalisme s'effondre. Il y aura de plus en plus de tactiques de division et de conquête pour nous distraire et faire dérailler nos efforts pour nous unir et créer quelque chose de différent.
Tandis que nous bâtissons le front uni des Blancs autour de nous, nous devons aussi trouver comment le faire dans la fraternité et en suivant et en soutenant le leadership des peuples de la majorité globale et des peuples autochtones.
RESTER CONNECTÉ⋅E⋅S, DÉCHARGER, ET MÊME ÊTRE DANS LA JOIE
Qu'en pensez-vous ? Que pensez-vous de tout ce qui se passe en cette période des plus intéressantes ? Même si ces moments sont effrayants, bouleversants ou déroutants, ce sont des occasions d'écouter les gens et de partager des perspectives qui leur permettront de penser au-delà de leurs restimulations. Nous devons rester connecté⋅e⋅s, continuer à décharger, et peut-être même être dans la joie en faisant de que nous avons à faire.
Dvora Slavin
Seattle, Washington, USA
Reproduit du forum de la Co-écoute
pour les allié⋅e⋅s blanc⋅he⋅s éliminant le racisme
Traduit de l’anglais par Régis Courtin