La puissance des "penser-écouter"
Avec tout notre matériau de détresse chronique restimulé par cette pandémie de COVID-19, il semble que beaucoup d'entre nous ont du mal à penser de manière fraîche et exhaustive. Mon esprit est actif depuis toutes ces semaines. Cependant, ma pensée est tournée presque entièrement vers la réponse à la situation extérieure telle qu'elle se déroule. Ce qui manque, c'est l'opportunité de laisser libre cours à mon esprit, en considérant le contexte global, en imaginant ce qui serait possible et en identifiant de nouvelles éventualités et possibilités.
Bien sûr, nous avons besoin de décharger nos détresses précoces — ces jours-ci plus que jamais. Et la décharge à coup sûr libère la pensée originale. Mais je commence à me demander si nous tirons tout l'avantage du potentiel des "penser-écouter". Je décris ci-dessous les occasions récentes que j'ai eues de le pratiquer :
Lors de notre atelier Régional à la fin mars, la personne dirigeante nous a réparti·e·s en groupe de trois pour décharger. Cette séance fut suivie d'un "penser-écouter". C'était merveilleux et stimulant de faire les deux. J'ai fait la même chose dans ma classe pour personnes formatrices et dirigeantes avec de bons résultats.
Dans l'un de ses ateliers, Marcie Rendon (la Personne de Référence Internationale de Libération pour les Amérindien·ne·s) a répondu à la question d'une participante en lui donnant la possibilité de réfléchir pendant cinq minutes devant le groupe — et en lui donnant cinq minutes de plus d'attention. Dans ma séance la semaine suivante, je me suis souvenue de cette possibilité et j'ai pris dix minutes simplement pour laisser mon esprit réfléchir. Ce fut comme une bouffée d'air pur !
La semaine suivante, j'étais au téléphone avec un participant à l'atelier et j'ai mentionné les "penser-écouter". Il a dit que c'était vraiment ce dont il avait besoin. Donc, nous avons échangé dix minutes dans chaque sens. Nos esprits étaient impatiens de réfléchir sur notre situation et ont fait surgir des idées pour aller de l'avant que nous n'avions pas été capables de formuler sans cet espace protecteur et cette attention ajoutée. Ce fut une expérience dynamisante et riche d'espoir.
Une dirigeante extérieure à ma Région a dit qu'elle demandait aux membres de sa classe de prendre une minute pour parler du monde qu'elle souhaitait — un autre exemple de réflexion avec attention.
Je nous encourage tou·te·s à nous rappeler de cet outil puissant dans notre boîte-à-outils de la Co-écoute et de trouver les moyens de l’utiliser plus souvent durant cette période extraordinaire.
Pamela Haines
Philadelphie, Pennsylvanie, USA
Reproduit du forum de la Co-écoute pour les membres de la Communauté
Traduit de l'anglais par Régis Courtin