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Diane Shisk

 

Une classe sur le COVID-19

Le 3 mars, j'ai dirigé une classe de Co-écoute sur le nouveau coronavirus et sur le COVID-19. [Note de l'éditeur : ceci se passait avant que le virus n'arrive au Texas. Il ne serait plus possible d'organiser une classe maintenant que le virus est établi dans cet état.)

Nous étions onze personnes — dix blancs et une personne de la Majorité Globale, neuf femmes et deux hommes. La plupart étaient des personnes âgées ou proches de l'être. Nous faisions tou-te-s partie d'une classe de continuation. 

Les discussions à propos du COVID-19 dominent les ondes. Les gens ont été submergés d'informations, certaines utiles et d'autres non. Ils sont inquiets, déroutés et préoccupés par ce qui se passe. Il leur est difficile de trouver des informations valables et fiables concernant l'impact et la transmission du virus. Les restimulations des gens peuvent les pousser à s'isoler ou à "se débrouiller seuls". Beaucoup se sentent submergés par la terreur. 

Nous savons que tous les sentiments de panique et de désespoir proviennent de blessures précoces et que les décharger peut nous aider à penser de manière plus claire et à prendre des décisions rationnelles sur la façon d’agir. J’ai pensé que cette classe serait utile. 

Nous avons démarré en partageant des "nouveaux et bons" et en remarquant que nous étions connectés les un-e-s aux autres. J’ai expliqué un peu pourquoi je souhaitais faire une classe sur ce sujet. Ensuite, chaque membre a pris une minute pour décrire ce qu’il avait entendu ou ce qu’il savait à propos du virus et n’importe quelle chose qui le   préoccupait ou l’inquiétait. 

Le virus 

La maladie causée par le nouveau coronavirus s'appelle COVID-19 (coronavirus disease 19). C'est un condensé des trois premiers mots et des deux derniers chiffres de l'année pendant laquelle elle est apparue. Le nom a été délibérément choisi pour éviter de stigmatiser un groupe ou un endroit particulier. (Le fait d'appeler la grippe de 1918 du nom de "grippe espagnole" à cause du pays où elle a été initialement identifiée a conduit à de nombreuses discriminations envers les Espagnols.) Par exemple, appeler le COVID-19 du nom de" grippe de Wuhan" aurait provoqué un flux de critiques envers les habitants de cette ville et de la population chinoise en général. 

Il existe de nombreuses sources d'informations correctes et mises à jour. On y trouve des suggestions d'actions de prévention pour éviter la transmission du virus (lavage des mains, etc.). Il était réconfortant de voir qu'il existe de telles sources d'informations qui seront utiles pour la prévention et le traitement. Voici les liens des sites de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) :

<www.who.int/emergencies/diseases/novel-coronavirus-2019/advice-for-public>

<www.cdc.gov/coronavirus/2019-ncov/community/home/index.html>

BLESSURES PRÉCOCES ET AUTOMATISMES CHRONIQUES

J'ai rappelé aux membres de la classe ce que nous savons à propos de l'origine précoce des sentiments de confusion, de panique, de désespoir et ainsi de suite. Je les ai invités à examiner les racines précoces de leurs restimulations à propos de la situation. Quelles avaient été les réactions de nos parents et d'autres adultes vis-à-vis de la maladie, de la contagion, du danger, de la mort, ainsi de suite ? Qu'était-il arrivé aux personnes tombées malades ? Est-ce que dans ton environnement, ta famille, ton groupe d'appartenance ou ta communauté avait dû affronter une situation difficile ? Qu'est-ce qu'on t'avait dit ou qu'on ne t'avait pas dit sur ce qui se passait ?

Après les mini-séances, chaque personne a pris une minute pour remarquer les blessures précoces et les enregistrements de détresse chroniques ayant affecté sa réaction vis-à-vis de la situation actuelle. Ceci a aidé à préparer les membres de la classe à se soutenir et à se faire travailler les un-e-s les autres. 

S'IDENTIFIER EN TANT QU'ÉTASUNIEN-NE-S

Nous nous identifions tou-te-s comme étasunien-ne-s et avons nécessairement une perspective US : 

• Nous avons remarqué la façon dont les États-Unis se considèrent souvent comme une exception (particulièrement sous la présidence actuelle mais aussi bien traditionnellement). Les étasunien-ne-s peuvent penser qu'iels ne devraient pas avoir à gérer certaines choses s'iels n'en ont pas envie. Typiquement, les États-Unis se sont mis à l'écart, parfois en attribuant leur manque d'engagement dans des situations difficiles à leur isolement géographique (Les États-Unis ont tenté de se tenir à l'écart de la Seconde Guerre Mondiale — ce qui se passait affectait "uniquement les populations de l’autre côté de l’océan.") Notre pays a souvent réclamé un statut spécial du fait de ses ressources abondantes. Nous avons pu croire que nous sommes à l’abri par ce que nous sommes étasunien-ne-s.

• Notre culture dominante est celle ces blancs, protestants et de classe moyenne, et nous avons souvent dévalorisés les gens qui ne correspondent pas à cette description et nous les avons blâmés pour ce qui leur est arrivé, comme si les choses avaient été différentes s'ils avaient adopté les valeurs US dominantes. Un vernis de droiture morale a justifié et déguisé notre colonialisme et notre impérialisme. 

LES PERSONNES DE LA MAJORITÉ GLOBALE

• Les personnes de la Majorité Globale sont (et ont été) affectées de façon disproportionnées par les problèmes systémiques, y compris le changement climatique. Elles ont souvent été tenues pour responsables de leur propre situation. Les personnes d'origine asiatique ont immédiatement été considérées comme la cause de l'apparition du COVID-19. Les médias ont renforcé cette idée que le virus était un "problème chinois" et que si les Chinois avaient employé autrement leurs ressources, ils auraient pu empêcher son apparition et sa dissémination. Il y a une attente à ce que les populations asiatiques se chargent du problème par ce sont "elles qui l’ont créé". 

• Parce que le virus est caractérisé par une transmission de l'animal vers les humains et semble s'être développé dans des endroits où les populations vivent davantage en contact avec les animaux qu'aux États-Unis, les populations ayant ce style de vie ont été accusées et critiquées. 

• Les médias semblent avoir plus souvent rapporté des cas de maladie chez les personnes blanches, suggérant ainsi que les blancs sont plus importants que les personnes de la Majorité Globale. L'assurance-maladie des personnes de la Majorité Globale (aux États-Unis comme ailleurs) est souvent défaillante et inférieure à celle des personnes blanches. Le COVID-19 impacte gravement les personnes de la Majorité Globale par ce qu'elles ont rarement accès aux ressources nécessaires.  

DES IMPACTS ADDITIONNELS

Nous savons que le capitalisme est en train de s'effondrer mais nous ne pensions pas que ça aurait cette allure-là !

• Le marché boursier US a réagi négativement à la pandémie du COVID-19. Des compagnies ont fait faillite. Les commerces et les écoles ont fermé, avec des conséquences très importantes pour les gens qui gagnent leur vie au jour le jour. Souvent, les gens dont les emplois sont affectés ne sont pas payés et ne peuvent plus subvenir aux besoins de leur famille. 

• Quand les écoles ferment, les parents doivent s'occuper de leurs enfants au lieu d'aller travailler. Les enfants qui comptent sur les repas de la cantine de l'école n'y ont plus droit. Les gens ont parfois du mal à s'approvisionner pour prendre soin d'eux-mêmes et de leur famille.

• Le personnel du système de santé et des services ont été dans l'obligation d'assurer leur travail en dépit de leur exposition potentielle au virus. Bien qu'il soit le pays le plus riche du monde, les États-Unis ont un système de santé qui ne fonctionne pas bien ; des millions de gens n'ont que peu ou pas du tout accès aux soins médicaux. Certaines personnes peuvent hésiter à être testées pour le virus, ce qui signifie que la détection et le traitement seront difficiles à assurer. 

• Les rassemblements de masse ont été supprimés, ce qui a impacté les gouvernements locaux, les commerces et les individus.

• Sans la décharge et sans une perspective qui place la priorité sur les connexions, le soutien et la coopération, beaucoup de gens ont du mal à prendre des décisions réalistes et à agir. Beaucoup d'entre eux supposent qu'Il y aura pénurie de ressources et sont restimulés jusqu'à stocker des provisions et à accuser les autres, devenir violents, s'isoler ou baisser les bras. 

dÉcharge, dÉcision, apprÉciation

Nous avons fait de longues mini-séances sur la façon dont les gens et l'environnement sont affectés par le virus et sur les actions que nous pourrions entreprendre pour faire avancer les choses. 

Chaque personne a pris une minute pour réfléchir à "ce qu'elle emportait" de la classe. Les gens ressentaient plus d'espoir, ils avaient une pensée plus claire et étaient davantage connectés les uns-e-s aux autres qu'ils ne l'étaient au début de la classe.

Nous avions remarqué que nous portions tou-te-s en nous des vestiges de nombreuses oppressions — le racisme, le sexisme, le classisme, l'homophobie, l'oppression anti-Juifs, ainsi de suite — mais qu'ensemble, nous pouvions gérer le défi du COVID-19.

Nous avons spéculé sur ce qui pourrait advenir de bon à mesure que nous unissons nos efforts pour répondre au défi. Peut-être, il pourrait s'agir d'une moindre envie de possession telle qu'elle est encouragée par le capitalisme. Peut-être, nous pouvons prendre davantage soin les un-e-s des autres. Peut-être, les choses peuvent ralentir ; peut-être, nous pouvons interrompre le rythme de vie inhumain propre au capitalisme. Qui sait le bien qui peut ressortit de tout ça ?

Kathleen Hamilton
Austin, Texas, USA

Reproduit du forum de la Co-écoute 
Sur les questions politiques aux USA

Traduit de l'anglais par Régis Courtin


Last modified: 2023-03-16 20:35:13+00