Une introduction lors d’une Conférence Préparatoire
Communication de Tim Jackins à la Conférence Préparatoire pour l’Ouest et le Centre des États-Unis en janvier 2013
Bienvenue à la première des Conférences Préparatoires de 2013. Merci d’avoir fait ce qu’il fallait pour être ici.
Nous sommes toutes et tous impliqué-e-s dans ce projet important. Ce projet est en marche depuis le début des années 50 − il a d’abord démarré dans un format réduit ; il s’est lentement répandu autour de Seattle ; puis, a dépassé les limites de Seattle vers de la fin des années 60.
À mesure que le nombre de gens en dehors de Seattle allait en augmentant, nous avons commencé à réfléchir à la façon dont chacun-e pourrait rester en contact avec les autres et garder ainsi son esprit constamment engagé. Nous nous sommes réunis sous différentes formes au cours des années. Depuis longtemps, nous nous réunissons tous les quatre ans. Actuellement, cela se traduit par une série de Conférences Préparatoires réparties autour du globe, suivie d’une Conférence Mondiale.
ÊTRE EN CONTACT LES UN-E-S AVEC LES AUTRES
Nous sommes rassemblés ici, en premier lieu, pour renouer des contacts entre nous. Ceci remplit déjà un rôle important. Nous avons l’occasion d’entrer en contact avec tous ces gens qui sont aussi déterminés que nous le sommes à employer les idées de la Co-écoute pour faire avancer le monde, pour mettre fin à la domination des automatismes de détresse sur le comportement des humains.
Nous avons fait des progrès considérables. Vous avez fait des progrès considérables. Votre esprit à lui tout seul est un merveilleux exemple de ce que le processus de décharge peut accomplir. Si quelqu’un pouvait nous observer en suivant chacun-e de nous, année après année, et ensuite décrire la façon dont notre vie et notre pensée ont évolué, ce serait impressionnant. Ce que les gens aiment en partie dans ces conférences, c’est de revoir des gens qu’ils n’ont pas vu depuis quatre ans : « Hé, je les aime un peu plus cette fois ! Ils sont plus abordables. Ils ont un air amical presque tout le temps.” Nous avons fait un travail systématique, en particulier sur les détresses qui nous tenaient éloignés les uns des autres, nous rendaient inabordables, et nous donnaient le sentiment de ne pas pouvoir aborder les autres. Nos relations se sont constamment développées. Cela se voit clairement dans la vie de chacun-e. Et cela se voit aussi de manière collective ici.
DES PROGRÈS SUR DE NOMBREUX FRONTS
Nous avons progressé sur de nombreux fronts. Il nous a fallu bien des années au début pour développer les idées de base de la Co-écoute. Ensuite, à mesure que notre esprit se clarifiait de manière individuelle, nous avons commencé à réfléchir aux oppressions et à travailler sur elles. Nous avons poursuivi ce travail. Nous examinons approfondissons l’examen des détresses qui nous ont entravés, et nous approfondissons l’examen de la société et la compréhension de la façon dont les détresses s’y sont trouvées figées.
Constamment, de plus en plus d’entre nous exportent les idées de la Co-écoute dans le monde. Nous avons tendance à le faire sur une petite échelle au départ, sans que personne n’en soit au courant. Tenter de réduire les tensions dans des réunions − faire que ces réunions soient supportables − est souvent ce que nous faisons en premier.
Nous avons trouvé des milliers de manières d’utiliser les idées de la Co-écoute, et cela a fait une énorme différence pour les gens autour de nous. Toutefois, je pense que la plus grosse différence concerne notre propre esprit. Nous savons à présent ce dont nous sommes capables. Il est clair que
la Co-écoute ne représente pas seulement un petit groupe de personnes essayant de se sentir mieux. C’est quelque chose qui peut trouver de plus en plus d’applications dans le monde. Nous avons la possibilité de réfléchir aux moyens d’améliorer cela, afin qu’elle ait des effets encore plus importants.
LE DÉVELOPPEMENT DES COMMUNAUTÉS DE CO-ÉCOUTE
Nous avons aussi la possibilité de réfléchir au développement des Communautés de Co-écoute. Nous voulons être des personnes tellement bonnes, faire des choses tellement bonnes, que tout le monde voudra nous rejoindre. Est-ce que ça marche ? Eh bien, jusqu’à un certain point, ça nous permet d’avancer, de nous développer et de nous renforcer. Toutefois, nous avons rencontré des difficultés pour penser notre développement, et pour véritablement planifier ce que nous voulons accomplir. Nous espérons simplement que chacun-e d’entre nous faisant de bonnes choses, d’une manière ou d’une autre, cela finira par former un tout intéressant.
QUELQUE CHOSE N’A PAS CHANGÉ
À ce stade, nous pouvons examiner l’état de notre théorie et de notre pratique. Elles continuent à se développer de manière satisfaisante. Toutefois, bien que nous ayons fait tout ce travail, accompli tous ces progrès, nous trouvons toujours quelque chose sur lequel nous n’avons pas été capables de travailler. Nous l’examinons un peu mieux chaque année, nous continuons à avancer dans la vie, mais quelque chose n’a pas changé (rires). Certains enregistrements chroniques, toujours les mêmes, défilent encore dans notre tête. Nous rencontrons encore la même résistance. Nous n’avons pas été capables d’utiliser pleinement notre compréhension et notre talent de l’écoute. Cela nous a freinés. C’est pour cela que je veux que nous examinions plus à fond les blessures très précoces que nous avons tous connues.
Quand je m’observe moi-même et quand j’observe beaucoup d’autres personnes, il me semble qu’il y a des choses que nous n’avons pas voulu affronter. Certaines détresses nous ont semblé simplement trop pénibles. Parce qu’elles nous ont paru tellement insupportables, nous n’avons pas été capables de nous engager à les affronter de manière systématique. En fait, nous ne les avons presque jamais affrontées, à moins qu’un accident ne se produise et les expose au grand jour. Nous n’avons pas souhaité ces accidents − nous les avons exécrés − mais nous avons saisi l’occasion. Nous avons fait de gros progrès et nous en avons été heureux, mais nous n’avons pas souhaité que ces accidents se reproduisent !
Il semble que nous possédions tous une collection de choses “insupportables”. Elles sont ancrées dans les premiers temps de notre vie, quand nous étions très seuls − sans ressource, sans perspective et sans référence − et nous avons décidé de continuer à vivre dans l’isolement. Nous pouvons examiner ces moments-là et utiliser nos ressources collectives pour décharger dessus. Nous commençons tout juste à apprendre à faire cela de manière efficace.
Nous allons consacrer la première partie de cette conférence à nous-mêmes. Nous allons utiliser toute la richesse des ressources de ce groupe pour affronter des difficultés et le faire pour notre propre bénéfice. Cela clarifiera aussi notre esprit pour consacrer le reste du week-end à réfléchir à la Communauté. Le Guide1 n’est pas un enjeu majeur cette fois-ci. Nous avons investi douze années de travail intensif pour l’améliorer. Il est dans un état tout à fait satisfaisant. Il n’y a que quelques modifications à examiner.
NOS OBJECTIFS
Nous allons également réfléchir à nos objectifs. Nous allons examiner les objectifs que nous nous étions fixés, et la façon dont nous les avons mis en application, et peut-être réfléchir à de nouveaux
objectifs. Le sujet le plus évident pour un nouvel objectif est la protection de l’environnement. C’est un sujet vaste et universel, et il est clair que nos détresses nous ont empêchés d’être attentifs dans ce domaine. Il y a aussi un impressionnant fouillis d’informations liées à ce domaine. J’y ai réfléchi, j’ai discuté avec des gens, et essayé de trouver un contexte assez large pour relever ce défi. Un objectif à propos de l’environnement pourrait être utile à nous-mêmes et aussi pour atteindre d’autres personnes. Beaucoup de gens sont visiblement concernés et intéressés. Nous pourrions avoir un effet positif et significatif.
1 Guide pour les Communautés de Réévaluation par la Co-écoute − les règles de fonctionnement des Communautés de Co-écoute
Paru dans Present Time N°171 (Avril 2013)
Traduit par Régis Courtin